Chèr·e·s abonné·e·s,
Ce mois-ci je vous propose un zine un peu particulier. J'avais envie de parler de violences policières, mais plutôt que de les dénoncer ou de m'en indigner, ce que d’autres font mieux que moi, j’avais envie de prendre les syndicats de policiers au mot en donnant à entendre la parole des policiers.
Plus précisément, j'avais envie de donner à lire les justifications des policiers qui passent en justice pour des faits de violences commis dans l'exercice de leurs fonctions. Ce sont des phrases d'un genre particulier et qui méritent qu'on s'y arrête. Personnellement je ne m'en lasse pas, parce que je trouve chaque fois à peine croyable la manière dont les policiers se défendent, que ce soit du point de vue de la rhétorique ou simplement de celui de la vraisemblance — souvent je n'arrive tout simplement pas à croire que quelqu'un a réussi à prononcer ces paroles, devant un tribunal et sous serment qui plus est. Cela suggère une habitude des déclarations invraisemblables faites avec un parfait aplomb que je trouve au moins aussi inquiétante que les faits reprochés.
Et parfois on lit ou on entend une de ces phrases, au détour d'un article, mais là j'avais envie de les regrouper et de les empiler, pour qu'on puisse voir, au-delà des spécificités de chaque affaire, les régularités de cette parole. Je ne me souviens pas, je n'avais pas l'intention de l'éborgner, je me suis senti menacé. Les images ne montrent pas tout. Je ne l'ai pas frappé. Peut-être seulement une gifle. Ma matraque a malencontreusement heurté sa tempe. On subit beaucoup de pression.